Ady Gasy, un plaidoyer pour la prise en compte de la résilience du peuple de #Madagascar ? #Fribourg #28FIFF

 Lova Nantenaina, réalisateur de « Ady Gasy » by © tomavana | quelques minutes avant la projection en première mondiale de « Ady Gasy »  lors du 28ème édition du Festival International de Films de Fribourg [FIFF]

J’ai assisté à la projection en première mondiale de « Ady Gasy » premier long métrage réalisé et produit par le génial Lova Nantenaina.

D’emblée dissipons tous malentendus, ceci n’a pas la prétention d’être une critique objective. Comment pourrait-elle l’être quand je vous dévoilerai que Lova Nantenaina et moi appartenons à un collectif de blogueurs et blogueuses malgaches, et que nous avons tant et tant confronté nos points de vue autour de sujets aussi divers que variés.

Vous l’aurez donc deviné, ce n’est pas non plus tout à fait par hasard si un dimanche soir, je me retrouve à 1h30 de route de mon domicile pour assister à cette 28ème édition du Festival International de Films de Fribourg [FIFF] …et cela sans aucune assurance de pouvoir l’approcher car je ne connais Lova Nantenaina que « par écrans interposés ».

A 20:30 h précises à la salle Cap’Ciné 7, Thierry Jobin, co-directeur du FIFF, joue les présentateurs et raconte brièvement la genèse du choix de Madagascar pour la section « Nouveau Territoire » puis il passe la parole à Martin Dahinden, directeur de la Direction du développement et de la coopération (et futur ambassadeur suisse aux Etats-Unis) [La DDC qui est l’organe du Département fédéral suisse des affaires étrangères (DFAE) en charge de la coopération internationale a participé au financement de ce long-métrage]. Le temps de présenter Lova Nantenaina, réalisateur et Eva Lova qui est son épouse et productrice. Les lumières s’éteignent …les choses sérieuses vont pouvoir enfin commencer !

Une rizière verdoyante. Un paysan qui manie la faucille avec dextérité. Des images qui semblent à première vue convenues puis l’écran s’obscurcit pour afficher ce proverbe sur un fond noir « il n’y a rien de plus résistant qu’un rocher, mais comme il ne dit rien les oiseaux lui chient dessus ».

Le ton est donné, Lova Nantenaina donne la parole au rocher sur laquelle la société malgache est solidement bâti: le peuple. Sans fard ni complaisance, le regard qu’il propose est une incursion dans le quotidien des « gens ordinaires » à Madagascar. Le spectateur est invité à cheminer au travers des dédales de ruelles, de quartiers qui abritent ces petits ateliers, autant de repères pour des petits métiers où la vie bouillonne et où l’espoir foisonne. Un terreau fertile pour la résilience du peuple malgache, c’est justement là où le réalisateur veut inviter les spectateurs.

Notre cheminement est dès lors rythmé par des proverbes qui dévoilent l’homme, la femme, derrière le savoir-faire de l’artisan. Des personnes conscientes des difficultés auxquelles elles sont confrontées et qui font face dignement. De « belles âmes » comme Lova Nantenaina a décidé de les appeler [traduit du malgache ‘manam-panahy’]. Justement ce supplément d’âme qui reste insaisissable aux regards du monde économique mondial qui se base sur des chiffres tels que le PNB [produit national brut] et qui a pour conséquence la relégation fatale de Madagascar parmi les pays les moins avancés du Monde [PMA]. Nous sommes également à des années-lumière du sensationnalisme et du caractère quasi-miraculeux que certains points de vue occidentaux portent sur cette réalité de résilience du peuple de Madagascar.

Au détour d’une scène, l’on sent poindre une note d’humour et d’ironie non dénuée de tendresse chez le réalisateur quand l’artisan qui réalise des lampes à pétrole lampant [à partir d’ampoules électriques recyclées et de vieilles boites de conserves] déclare que « les affaires n’ont jamais aussi bien marché qu’en période de délestages » [ndlr. coupures d’électricité, car la JIRAMA, la régie nationale est devenue en soi proverbiale pour ses pannes d’eau et d’électricité quasi-quotidiennes].

Les applaudissements sont nourris à la fin de la projection. Mais le couple réalisateur-productrice n’auront droit à aucune question du public lors de l’interview finale. Il est vrai que le format du festival laisse une part belle au contact direct et permet une certaine forme d’intimité avec les festivaliers. Alors c’est en nombre que nous nous pressons pour faire la queue, pour leur serrer les mains, les féliciter, une question, un mot d’encouragement. Tel cet enseignant enthousiaste qui est impatient de pouvoir montrer ce film à ses élèves. Vous vous demandez sans doute si j’ai finalement pu adresser la parole à Lova Nantenaina ? Malgré son agenda de festivalier hyper chargé et aussi incroyable que cela puisse paraître, oui …en fait c’est comme si nous avons repris notre discussion là où nous l’avons laissé dans le monde virtuel.

Une première rencontre IRL intense donc [« In real Life » ou dans la vraie vie, une vraie rencontre face-à-face] que nous nous sommes promis de recommencer dès que possible. Sachant que Lova Nantenaina est attendu le mois prochain aux Hot Docs de Toronto, Festival international du documentaire canadien qui est le plus important festival de film documentaire en Amérique du Nord.

Une dernière fois, j’étreins Lova Nantenaina et Eva tant pour les féliciter que pour partager cette formidable énergie positive et communicatrice qui émane d’eux, puis je laisse derrière moi Fribourg et toutes ses « belles âmes » que j’ai pu rencontrer: Raymond Rajaonarivelo (réalisateur, scénariste, formateur), Luck Ambinintsoa Razanajaona (réalisateur, scénariste) et Laza (réalisateur, directeur des Rencontres du Film Court Madagascar qu’il a créé en 2006) qui sont également les piliers du renouveau du cinéma à Madagascar, les compères Frederic Jonatara, photographe et Josua Hotz, réalisateur …et tant d’autre.

Le long des 137 km qui me ramènent à Genève, c’est pour moi une évidence que de partager cette expérience. Et voilà comment je me suis retrouvé à publier un post …après 14 mois de silence !

© tomavana | 31.03.2014 |
[Lova Nantenaina aux FIFF, Fribourg]

[« Ady Gasy, the Malagasy way » – adygasy.com >>]

[« Ady Gasy » aux 28e FIFF – fiff.ch >>]

8 réflexions sur “Ady Gasy, un plaidoyer pour la prise en compte de la résilience du peuple de #Madagascar ? #Fribourg #28FIFF

  1. D’après ce que j’ai compris, des contacts ont été pris et les discussions sont en cours en vue de la diffusion de « Ady Gasy » sur TVM 😉 allez promis, je vous tiendrais au courant !

    1. Bonjour Tomavana, serait-ce possible d’avoir votre adresse e-mail je vous prie? Je suis journaliste. Merci beaucoup

  2. Mbola tsara

    Inona ny vaovao sy ny maresaka? Antenaiko fa salama tsara anao sy ny fianakaviana jiaby è!

    Asa tadidinao zaho? Eva Keller, izay présidente de l’association Human Rights in Masoala:
    http://www.humanrightsmasoala.org
    Misaotra indray amin’ny traduction en Malgache izay vitanao taona maromaro lasa.

    J’était contacté par une jeune Malgache de Maroantsetra, i Tresy, izay mipetraka any Genève. Elle cherche des contacts en Suisse ka nisahako ny adresinao dia hitako ity website ity dia nomeko azy.

    Misaotra betsaka, ary sambe tsara è!
    Eva
    Eva Keller, Winterthur

Laisser un commentaire