Journée mondiale contre la cyber-censure | 12.03.2010

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[FR] Ces derniers mois, le portrait de la « blaogasyfera » [blogosphère malgache] a subie de profondes mutations qui ont justement coïncidés avec l’avènement de la crise politique à Madagascar. Je ne prétendrais pas dresser ici les contours de ce nouveau portrait et je ne parlerai pas non plus des liens supposés de cause à effet entre la crise politique à Madagascar et cette mutation. D’abord parce que je ne m’estime pas qualifié pour ce genre d’étude, ensuite il manque le recul nécessaire pour véritablement apprécier la complexité de cette réalité en pleine mutation. Néanmoins, je relèverais deux phénomènes: la nette augmentation sur internet des sites et auteurs traitant de Madagascar [blogs, forums, twitter etc.] ainsi que la modification de la nature des sujets abordés.

Encore une fois, pour bien apprécier cette augmentation de volume de la blaogasyfera, il faudrait pouvoir chiffrer cette croissance et avoir un point de comparaison avec d’autres blogosphères similaires. Quant à la modification de la nature des sujets abordés, la nouveauté que crois détecter est un recentrage sur les préoccupations liée aux réalités quotidiennes à Madagascar au dépend des sujets plus « léger ».

Face à ce foisonnement, dont je suis loin de tous les connaître ni de les apprécier à leur juste valeurs, j’essaie de faire mienne la citation de cet illustre genevois Voltaire qui disait « je ne suis pas d’accord avec ce que vous dites, mais je me battrai pour que vous ayez le droit de le dire. » Oui, je suis résolument pour la liberté d’expression… sur internet également.

Quant à évoquer cette liberté d’expression à Madagascar, c’est invariablement buter à la réalité des manques de moyens communs aux pays en développement. C’est aussi faire face à l’éloignement d’un pouvoir très centralisé qui sont souvent comme autant d’entraves pour l’expression des citoyens. Dans ce cas précis, Internet représente un formidable potentiel pour un rapprochement. Rapprocher les élus de leurs administrés mais aussi rapprocher les citoyens de différentes régions en vue d’une meilleure connaissance mutuelle. Malheureusement, le chemin risque d’être long car pour l’instant ce sont les propagandes et les invectives qui prédominent. De plus, avec un taux d’utilisation d’internet de moins de 5% de la population, il s’agit plus d’un avantage supplémentaire que monnaie une minorité de privilégié plutôt que de véritable droit. Je formule cependant le vœu que ces dérives ne puissent servir de prétexte à un musèlement ni une censure d’Internet à Madagascar mais qu’au contraire son accès soit facilité pour le plus grand nombre notamment par une amélioration de l’offre internet accompagnée à une baisse des coûts de connexions.

Bien que je sois viscéralement attaché à la liberté d’expression et souhaite qu’elle soit garantie à Madagascar aussi, dans un pays où moins de 20% des maisons disposent de l’eau courante, je me rends compte de la futilité de mes préoccupations face à d’autre droits comme celui d’être protégé ou d’être soigné.

A l’initiative de Reporters sans frontières, la Journée mondiale contre la cyber-censure est Célébrée le 12 mars depuis 2008.

tomavana | RSF 2010

[12.03.2010: World Day Against Cyber Censorship – rsf.org >>]